Aujourd’hui, c’est la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire.
Une journée pour sensibiliser, écouter, et agir.
Et cette année, j’ai envie de donner la parole à un parent dont on entend très peu la voix : celle du parent d’un enfant qui a harcelé.
Quand tout bascule
Il y a quelque temps, nous avons découvert que notre fils avait eu des comportements de harcèlement envers d’autres enfants.
Un choc. Une sidération. Une immense incompréhension.
Nous l’avons appris trois mois après les faits.
Pas par l’école.
Mais parce que les parents des victimes ont menacé l’établissement de parler publiquement s’il ne réagissait pas.
Trois mois à vivre dans l’ignorance, alors que des enfants souffraient.
Trois mois pendant lesquels on aurait pu intervenir, comprendre, réparer, si seulement on avait été informés.
L’autre versant de l’histoire
Avant cela, notre fils avait lui-même été victime de harcèlement, mais pas de la part d’autres enfants.
De parents.
Et même d’une directrice d’école.
Des mots, des attitudes, des humiliations parfois déguisées en “remarques éducatives”, mais qui, à la longue, ont creusé des fissures invisibles.
Ces expériences ont profondément abîmé sa confiance en lui, mais aussi sa confiance en nous, en l’école, en les adultes censés le protéger.
Et quand la peur, la colère, la méfiance prennent toute la place…
Certains enfants attaquent avant d’être attaqués.
Ce n’est pas une excuse. C’est une explication. Une tentative de comprendre le mécanisme de défense derrière le comportement.
Le rôle des parents : tenir, écouter, agir
Non, nous n’avons jamais minimisé ni excusé ses actes.
Dès que nous avons su, nous avons tout mis en place pour qu’il prenne conscience de ses gestes, pour qu’il puisse réparer, évoluer, se reconstruire autrement.
Accompagnement thérapeutique, discussions à cœur ouvert, cadre clair et sécurisant…
Nous avons cherché à lui redonner le sens de l’empathie, sans l’enfermer dans la honte.
Mais il faut aussi dire la vérité :
Comment accompagner un enfant dans cette démarche quand l’école garde le silence sous couvert de “protocole” ?
Ce besoin de tout formaliser, de tout filtrer, crée parfois plus de distance que de solutions.
Les familles sont laissées seules, dans le flou, dans la culpabilité, sans outils ni soutien.
Un drame collectif
Le harcèlement scolaire n’est pas un problème individuel.
C’est un drame collectif.
Il concerne les victimes, leurs familles, mais aussi ces enfants en souffrance qui reproduisent sans comprendre.
Il nous renvoie à une question essentielle :
Quel espace donnons-nous aujourd’hui aux émotions des enfants ?
À leurs colères, à leurs peurs, à leurs frustrations ?
Et comment les accompagnons-nous à les traverser sans les transformer en violence ?
Penser autrement
Aujourd’hui, je pense à toutes les familles concernées, des deux côtés.
Aux parents qui se sentent impuissants.
À ceux qui cherchent des réponses, de la compréhension, un soutien réel.
Je pense à tous ces enfants, qu’ils soient harcelés ou qu’ils harcèlent, parce qu’avant tout, ce sont des enfants.
Des enfants qui manquent d’écoute, de repères, de confiance.
Des enfants qui crient autrement.
Parler, écouter, comprendre, ce n’est pas excuser.
C’est commencer à réparer.
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